Utiliser les aiguilles de pin comme paillage, ça craint ou pas ?
published onOn dit souvent que les aiguilles de pin acidifient le sol, qu'il n'est pas bon de les utiliser en paillage, parce que rien ne pousserait sous un pin. Mais...Est-ce vrai ? Et surtout, quelles sont les raisons de croire au bien fondé ou non de cette affirmation ?
J'ai établi une bibliographie de ce sujet, c'est a dire un état des lieux des études scientifiques, pour tenter de me faire un avis basé sur un niveau de preuves supérieure à l'expérience subjective et personnelle (très mauvais niveau de preuve). Selon les conclusions à faire, pourquoi ne pas aussi proposer une explication plus simple que l'acidification ?
Un rapport à télécharger, des articles à lire
J'ai compilé cette recherche à travers un rapport, accompagné d'une présentation et deux articles de blog dont vous trouverez les liens ci-dessous.
Attention, ce travail est un état des lieux et pas une prescription. La science n'a pas vocation à prescrire des attitudes, des lois. L'état de l'art évolue, et d'autres questions viennent complexifier le sujet (quantité de paillage tolérable dans un sol selon sa chimie par exemple). Bref, aucune vérité toute faite !
• article Meilleur paillage pour la permaculture urbaine
• article Non, les aiguilles de pin n'acidifient pas le sol
• rapport complet
• présentation (format pdf)
Ce que dit ce travail en résumé
Une pratique contextuelle
Il importe d’insister sur le contexte : la texture du sol, la pluviométrie (quantité et rythme de la pluie), le taux d’ensoleillement en fonction de la saison, et bien d’autres facteurs vont conditionner le choix d’un mode de couverture du sol. En effet, un même matériel de couverture du sol va, selon son épaisseur, avoir une influence sur la vie du sol. Par exemple, une épaisseur importante de mulch peut ralentir le réchauffement du sol au printemps, ce qui affecte l’activité bactérienne et la dynamique du monde végétal par là même.
Privilégier le non-manufacturé
Aucune des études citées ne démontre que le carton cause des pollutions mesurables sur la vie du sol, même s’il n’apparaît pas comme un mulch idéal. Ce matériau semble peu envisagé comme mulch, sans que l’on puisse avérer de toxicité. On voit plutôt une tendance à privilégier les mulchs organiques et non transformés : broyat, feuilles mortes, aiguilles, écorces. Ces matériaux limitent en grande partie les écueils que l’on attribue à un sol nu, tout en donnant les meilleurs résultats sur l’aggradation des sols, la rétention d’eau, la lutte contre les
températures extrêmes, etc.
Carton et aiguille de pin : à utiliser sans craintes si…
En fait, de nombreuses sources citées ici présentent des conditions d’expérimentation plus défavorable que notre hypothèse de départ qui veut que l’on couvre simplement le sol. Par exemple, les expérimentateurs fabriquent du compost avec du carton, ce qui est à mille lieux de notre souhait de départ. On peut ainsi présumer qu’au regard des preuves accumulées ici, l’usage du carton et des aiguilles de pin ne présente aucun danger, si tant est que les sources de mulch soient diversifiées. Autrement dit, cartons et aiguilles de pin constituent une ressource très accessible et fonctionnelle pour couvrir le sol des jardins urbains, mais comme souvent il vaut mieux ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier !